Cent ans séparent la colonisation ancienne, majoritairement britannique et française, de la colonisation nouvelle, représentée par un partenaire américain spéculateur, entré relativement tard sur le terrain des compétiteurs. Le choix est désormais clair et précis : d’un côté il y a le barbarisme de « Daech » et de ses semblables, qui tuent « ahl al-ridda » (les apostats) et épousent les filles des « infidèles » après leur avoir imposé l’islam, de l’autre il y a l’Occident américain avec ses avions sans pilotes, ses missiles longue portée, venu protéger l’islam et les musulmans. Des missiles, doit-on croire, qui distinguent entre vrais et faux croyants et ne tuent que les terroristes pour que les autres puissent lever haut la bannière de la vraie religion.
Mais ces « secours » occidentaux, essentiellement américains, quels en sont les objectifs ? Quels seront leurs impacts sur la future carte du monde arabe et sur ses pays ? Des questions légitimes se posent : qui peut aujourd’hui proposer une vision d’avenir pour la Syrie ? Pour l’Irak, le Yémen ou la Libye ? Tous les Etats « caducs » sont-ils bel et bien tombés dans chacun de ces pays ? Qui possède maintenant la capacité de redessiner la carte du « Croissant fertile » ou du « Levant » ?! Et dans cette nouvelle carte, où se situeront les « limites » d’Israël… et celles de la Palestine ?
Une nouvelle ère commence donc pour ces entités enfantées il y a cent ans par l’accord de Sykes-Picot (en 1916 exactement), elles qui se sont révélées de purs produits du colonialisme et non des patries viables. Cette nouvelle ère a été initiée par l’invasion américaine en Irak, en mars-avril 2003. Oui, c’est aujourd’hui bel et bien le retour de la colonisation, mais une colonisation salvatrice cette fois-ci, et sur demande. Une colonisation financée par notre pétrole et nos autres ressources. Car nos gouvernants, chargés pourtant de la responsabilité de protéger leurs pays, ne se sont pas souciés de la chute des provinces et des régions riches en pétrole, tombées aux mains de « Daech » ; ils se sont contentés d’attendre le « secours » américain. Mais alors, il s’agit d’un secours aux régimes en place, et non aux patries, qui elles regimbent et ne peuvent vivre sous les protections étrangères. Ce qui signifie que les instances au pouvoir sont prêtes, quel qu’en soit le prix, à sacrifier leurs pays pour sauvegarder leurs trônes, protégés désormais par les avions du colonisateur américain et les alliés qu’il veut bien se choisir parmi les Occidentaux (et quelques Arabes). Ainsi s’effondre l’arabité, victime de toutes les parties en lice. Tandis que la guerre qui embrase la région reste ouverte… Une guerre, qu’on se le dise, qui sera réglée par les enjeux du pétrole, et non ceux de la religion.
En toute occurrence, que l’islam politique ait abattu l’arabisme en ouvrant par là même la porte à un nouveau colonialisme, n’est pas pour lui signe de succès. Un tel colonialisme, qui s’impose par des avions de guerre, fait avorter tout rêve d’indépendance et renforce l’entité israélienne ainsi que sa capacité à dominer les territoires arabes… sous l’ombrelle américaine.
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Le ” secours ” américain ouvre une nouvelle ère ## Colonisation sur demande
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