طلال سلمان

Tuer au nom d’une religion ## Tue, et tu vaincras

Tue hommes, femmes, veufs et veuves, détruis maisons, arbres, cliniques, librairies, écoles, universités, hôpitaux et orphelinats.
Oui, il s’agit bien d’orphelins ! Et d’un orphelinat islamique de surcroît. Mais quelle miséricorde attendre de ceux dont le sang s’est asséché, autant celui qui fait battre le cœur que celui qui irrigue le cerveau ?
Toi, avec tes charges explosives, tu représentes la volonté divine sur terre ! Tu ne crains plus Dieu ! Tu as droit de vie et de mort ! Mais la première de tes victimes n’est autre que… Dieu tout-puissant.
Sur le nouveau lieu du crime, comme sur toutes les autres scènes des meurtres collectifs précédents, des parties de corps étaient éparpillées telles des offrandes sacrificielles. Les blessés sont des témoins vivants de l’identité de l’assassin, qui a renié sa religion et s’est constitué juge souverain à la place de Dieu, frappant au hasard, se souciant seulement de faire le plus grand nombre de victimes possible.
Ces assassins surgissent d’une autre époque, ils se déplacent en dehors du temps et de l’espace, de la raison et des sentiments. Ils ne veulent que tuer le plus grand nombre possible de créatures de Dieu, des êtres qu’ils ne connaissent pas, qui ne leur ont fait aucun tort. Ce sont les criminels les plus dangereux, ceux qui se sont défaits de leur humanité, se mouvant, engourdis, comme des automates. Leur « paradis » est jalonné de crânes d’enfants, de femmes et d’hommes sortis simplement gagner leur pain pour subvenir aux besoins de leurs progénitures, les éduquer et leur inculquer la foi.
Ce sont des meurtriers et de jeunes ignares. Ils ont été pris en charge et élevés par ceux qui se sont imposés comme porte-parole du Tout-Puissant, travaillant au service du diable. Ils qualifient les pieux et les vertueux de non-croyants, et suivent leur bailleur de fonds, lequel est conscient qu’il sert les desseins de despotes sanguinaires en les blanchissant des massacres collectifs qu’ils ne cessent de perpétrer.

Toutefois,
Pour que le procès ne soit pas intenté contre une personne dont les nom, prénom, surnom et domicile sont inconnus,
Pour qu’une confession ne se réjouisse pas du malheur d’une autre et n’use d’expédients pour se sortir d’un conflit qui, selon elle, ne la concerne pas,
Pour que nous n’accusions pas de négligence et d’incapacité un ةtat que nous avons détruit par la lutte entre ses confessions pour les hautes fonctions,
Le moyen le plus simple de faire face à ces assassins est la solidarité entre leurs victimes, celles qui ont déjà succombé et celles qui attendent leur tour, dans l’impossibilité d’affronter ces spectres qui frappent pour faire le plus grand nombre de victimes possible.

La condition la plus simple est que nous soyons un seul et même peuple, un peuple affecté par le même fléau et la même adversité, car les meurtriers ne font aucune distinction entre leurs victimes quelle que soit leur religion ou leur confession.
En outre, l’ةtat, quels que soient nos différends concernant les fonctions officielles, est le refuge et le protecteur de tout le monde. Mais il faut que nous le reconnaissions comme premier et dernier recours car nous en faisons partie comme citoyens, et non comme individus qui ne font que passer ou transiter vers n’importe quel autre endroit au monde, et précisément là où prévalent la paix et la sécurité.

Cet article, paru dans As-Safir, le 20 février 2014, a été rédigé suite à l’attentat suicide qui a ensanglanté Bir Hassan, quartier de la banlieue sud de Beyrouth à majorité chiite, et qui a été revendiqué par le groupe jihadiste Abdallah Azzam, proche d’Al-Qaïda. Le bilan de cet acte criminel s’est élevé à six morts et plus de 130 blessés, dont des enfants et des enseignantes de l’orphelinat Dar al-aytam al-islamiya.

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