طلال سلمان

Moscou se réaffirme comme un acteur clé des décisions mondiales

Le seul espoir qui a récemment émergé dans le paysage politique de la région, est porté par la résolution russe d’intervenir de manière décisive dans la guerre en Syrie, ce qui a surpris le monde entier. Cette résolution a donné à Moscou l’occasion de se réaffirmer comme un acteur clé des décisions mondiales, ce bien après la chute de l’Union soviétique et en dépit de circonstances politiques et économiques défavorables, comme le blocus sévère sur la Russie visant à l’épuiser économiquement, l’incitation d’une partie de l’Ukraine à la sécession, la baisse significative du prix du pétrole, ainsi que les manœuvres de tous ceux qui cherchent à se passer du gaz russe. Ladite résolution ne se contente pas de protéger l’unité de la Syrie ; elle modifie également le climat prévalant dans la région, lequel alimentait le feu des guerres civiles aux impulsions confessionnelles et sectaires dans l’Orient tout entier…
Bien entendu, la Russie de Poutine n’est pas l’Union soviétique ni le bloc communiste d’antan, pas plus que la Turquie d’Erdogan n’est l’Empire ottoman. Mais la Turquie cherche à s’imposer comme un grand Etat, tant en Occident qu’en Orient, et dans le second par le seul recours à des slogans islamiques ; la Russie de Poutine quant à elle, se présente de par son rôle hérité à la fois des communistes et des tsars, comme un chef de file naturel dans le concert des nations. Le régime communiste est tombé, mais demeure un Etat fort de ses capacités et de ses stocks de pétrole, de gaz et d’or, ainsi que de son potentiel humain. Telle est sa place au niveau international. Quant aux Arabes, ils vouent dans leur majorité une grande affection à la Russie, qui n’a pas été pour eux un Etat colonisateur ; ils se souviennent également que le régime communiste a dénoncé la conspiration occidentale de l’accord Sykes-Picot en 1916, en vertu duquel Français et Anglais se sont partagés le Levant, préparant la voie à l’édification de l’Etat israélien sur la terre de Palestine. La Russie a même aidé les Arabes à se libérer de la colonisation occidentale ; elle n’a cessé d’être l’« amie des Arabes », en dépit de tous les changements qu’ont subi leurs régimes, lesquels les ont soumis à une nouvelle domination occidentale, passée simplement des mains européennes à celles de l’Amérique. Et la seconde moitié du siècle dernier a vu l’essor de la coopération arabo-russe, portant sur les armes qualitatives et diverses réalisations dans le domaine civil, parmi lesquelles le haut barrage d’Assouan en Egypte, ainsi que de nombreuses constructions et une assistance technique d’experts russes dans les secteurs du pétrole et du gaz. Et si la Turquie perd chaque jour un peu plus de son crédit auprès des Arabes, la Russie en gagne au contraire, notamment avec son combat contre Daech qui lui a déjà coûté un avion et ses passagers.

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